06/06/2007

Le témoignage de Monsieur André Kahn

Le témoignage de monsieur Kahn


Ce Mercredi 20 Décembre, à huit heures du matin, les élèves des classes de premières L2 et L3 attendent avec impatience et appréhension la venue de Monsieur Kahn. C'est le seul sujet de conversation et les questions se succèdent. Bien-sûr nous savons qu'il vient pour nous parler de sa déportation, et que cela sera éprouvant. Chaque histoire est unique, chaque témoignage précieux. Nous réalisons quels privilégiés nous sommes de pouvoir encore entendre le récit d'un survivant de l'enfer concentrationnaire, d'autant plus qu'il est le dernier de la région Midi-Pyrénées .


Le récit chronologique de son témoignage:


  • 1929: naissance de André Kahn Schirrhoffen.

  • 1939: il se réfugie dans les Vosges.

  • 1942: il a l'obligation de porter l'étoile jaune, et se voit imposer de nombreuses contraintes (interdiction de sortir après 19h, de s'asseoir sur un banc public, ...)

  • Le 7 Mars 1944: il est déporté avec sa famille par la police Française au camp de Drancy en région parisienne.

  • Le 27 Mars 1944: on les met dans un wagon (convoi n°70) avec 90 autres personnes, sans leur donner ni à manger, ni à boire.

  • Le 30 Mars 1944: ils arrivent à Birkenau. André Kahn est séparé de ses parents. Suivant le conseil d'un inconnu se fait passer pour plus âgé qu'il n'est (il dit avoir 17 ans alors qu'il n'en a que 15). Alors que les hommes et les femmes sont séparés il se demande où il est. Il est dirigé vers la file de gauche réservée aux personnes aptes à travailler.( L'autre est réservée aux personnes qui sont trop faibles : femmes, enfants qui seront tués )

  • Sa vie au camp du 30 Mars 1944 au 15 Avril 1945:

    Il marche 5 km pour rejoindre Auschwitz, déshabillé, douché et tatoué. On lui donne alors de vieux vêtements, une gamelle et des sabots. Il est ensuite enfermé au camp de Monowitz, mais ne réalise pas où il est, et cherche sa famille. A ce moment un homme lui dit: « Si tu veux vivre, ne verse jamais une larme »

    Chaque jour l'appel est fait, de jour comme de nuit les déportés restent debout des heures dans le froid ou dans la chaleur. Le numéro de matricule devait être connu par coeur, sinon on était tué. La vie est très difficile: avant de dégager le bâtiment qui doit leur servir de dortoir, ils doivent sortir toutes les « machines » qui l'encombrent et en attendant dorment par terre.

    Il est engagé comme tourneur mais n'a jamais utilisé ce genre de machines, heureusement Joseph, un ami rencontré au camp vient à son aide. Il travaille 13 heures par jour. Des 800 travailleurs en Mars il n'en reste que 300 en Avril.

    Il ne fallait pas montrer sa souffrance, ni même sourire aux SS.

  • En Janvier 1945: il part à Mauthausen à cause de l'arrivée des Russes. Cette longue marche de huit jours jusqu'à Bergen Belsen fit beaucoup de morts.

  • Le 15 Avril 1945: le camp est libéré par les Britanniques, mais André Kahn malade du typhus ne s'en rend pas compte. Il ne se réveille qu'au mois de Mai. Pendant deux ans il n'a pas mangé à sa faim et pèse alors 25 kilos.

  • Il retrouve sa soeur peu après dans un hôpital, et son ami joseph en 1991. Il s'écoule de nombreuses années avant son premier témoignage.

  • Quelques phrases de Monsieur Kahn qui resteront dans nos mémoires:


« Vous marchez sur des cendres humaines »

« Joseph m'a sauvé alors que j'aurais dû être pendu deux fois »


Cette chronologie n'est qu'une retranscription du récit de Monsieur Kahn, elle reste donc imparfaite et non exhaustive.


Après l'entretien nous sommes tous bouleversés par son témoignage, certaines paroles prononcées résonnent encore dans nos esprits.

Ce témoignage fut une « préparation » au voyage que nous allions vivre. Cependant trois élèves pour qui l'intervention de Monsieur Kahn fut trop difficile à entendre ont décidé de ne pas partir tout en respectant profondément la personne, le témoignage de Monsieur Kahn et le choix des autres élèves.


Le Dispositif




Depuis plus de 10 ans, le Mémorial de la Shoah organise chaque année des voyages d'étude sur le site d’Auschwitz-Birkenau en Pologne, encadrés par des rescapés et des accompagnateurs-historiens.

Destinés aux élèves de l’enseignement général, professionnel et agricole, ces voyages d'étude s'inscrivent au cœur d'une véritable démarche éducative, souvent pluridisciplinaire, reposant sur une préparation approfondie et personnalisée, sur la mise à disposition d'outils pédagogiques adaptés et exclusifs, sur un encadrement qualifié et un suivi rigoureux après le séjour.

Retenus en fonction de leur motivation, les élèves sont nécessairement engagés dans des projets pédagogiques qui les mobilisent tout au long de l’année scolaire. Avant le voyage d’étude, ces projets conduisent les classes à entamer une recherche documentaire et à renforcer leurs connaissances, une étape fondamentale avant la visite d’Auschwitz. Après le voyage d’étude, les élèves s’attachent avec leurs enseignants à un travail de réflexion et de restitution, tant du point de vue de leurs émotions que des notions acquises.

Les voyages d’étude sont un outil pédagogique au service de l’enseignement de l’histoire de la Shoah, complémentaire des autres actions engagées dans les établissements scolaires. Ils représentent également pour l’ensemble des participants une expérience humaine et intellectuelle exceptionnelle, dont les enjeux dépassent le champ de l’histoire pour atteindre la formation civique et citoyenne. Le voyage a été financer par la fondation du mémorial de la Shoah avec les fonds qui ont été dérobés aux juifs par les nazis présidée par Mme Simone Veil.



Les participants


Les participants étaient des élèves de différents lycées de la région Midi-Pyrénées accompagnés de leurs professeurs, plus précisément du Gers, du Tarn ainsi que du Tarn-et-Garonne et d'anciens déportés dont Mr. André Kahn et Mme Yvette Lévy dont les témoignages ont été très importants tout le long de notre projet car ils sont uniques et nécessaires pour perpétuer la mémoire de la Shoah. Les accompagnateurs du mémorial nous ont guidés durant le voyage.




L'atmosphère


    Il est environ 4h du matin à Montauban, tout le monde répond présent à notre rendez-vous mais une certaine fatigue se fait ressentir sur la totalité du groupe. Enfin, le chauffeur arrive et nous nous rendons à l'aéroport de Blagnac pour 2h d'attente afin de prendre notre avion à destination de Cracovie. Durant cette attente, une certaine appréhension envahit petit a petit la majorité des élèves qui commencent à se poser de multiples questions sur le trajet, sur les mesures de sécurité, les passeports, les conditions climatiques. Notre objectif commence à se rapprocher. Nous passons nos bagages dans le dispositif de sécurité. Puis nous prenons un bus pour nous amener à l'avion. Nous sommes enfin installés à nos places respectives à côté d'un camarade et pour certains c'est la première fois qu'ils prennent l'avion. Pendant les turbulences, ils se cramponnent au dossier. Nous commençons à survoler la Pologne et les conditions climatiques commencent à se dévoiler. Nous aurons sûrement de la neige. A présent, nous avons atterri dans un grand soulagement. Il neige bien, les conditions de la visite vont être plus intenses que prévues. Nous sommes à présent dans le car qui nous conduira à Birkenau. Durant cet ultime trajet, les émotions sont intenses quand une ancienne déportée nous fait part de son témoignage. Nous commençons à apercevoir les lieux du génocide.



La législation anti- juive de Vichy

La mise en oeuvre de la législation antisémite de Vichy, en zone non occupée.

Tandis que les Allemands mettent en place leur politique antisémite dans la France occupée, Vichy prend ,seule , l'initiative d'une politique anti-juive en zone Sud. Il s'agit d'un véritable antisémitisme d'Etat, aspect essentiel de la Collaboration.
-Octobre 1940: premier statut des Juifs promulgué par P.Pétain: il définit les Juifs et leur interdit les principales fonctions publiques, les métiers de la presse, du cinéma, de la radio, du théatre...
- Juin 1941: deuxième statut des Juifs qui aggrave leur exclusion de la vie sociale.

Le statut Alibert du trois octobre 1940, est un manifeste. Le régime existe depuis moins de trois mois mais veut clairement signifier que les Juifs français constituent un groupe à part. Ceci pouvant donner l'impression que tout en adoptant une position hostile envers les juifs, Vichy ne mettrait pas trop d' ardeur à l' appliquer. Durant quelque mois , l'application des mesures se fit avec une certaine lenteur car les dirigeants de l' Etat français n'avaient pas encore les instruments de leur politique. Un commissariat général aux questions juives (CGQJ) se créa quelques mois plus tard.
La surveillance des Juifs par l' administration se fit par le commissaire du CGQJ, Xavier Vallat, sa nomination renforça l'efficacité de la législation anti-juive. De plus, l'administration eût les moyens de surveiller les juifs. Xavier Vallat est un catholique ultra- conservateur qui s' appuie sur un antisémitisme religieux et donne un contenu plus concret et opérationnel à la "race juive" , ce qui permet une identification plus rapide. X. Vallat et Allibert utilisent l'expression de « race juive » qu'ils préfèrent à « religion juive » Ce qui préoccupait les allemands n'étaient pas de définir une race juive opposée à race française mais d'isoler les juifs pour les recenser. Les lois de Vichy n'utilisaient pas la référence à la race française. Le recensement obligatoire permettait de disposer des fichiers opérationnels tout en introduisant une classification; par exemple, les Juifs français devaient être internés dans des camps spéciaux. Le recensement capital était par la suite organisé avec efficacité et rapidité, le but étant de n'oublier aucun Juif.
La loi du 2 Juin 1941 sur le recensement des Juifs fut publiée dans le journal officiel du 14 Juin, le même jour une circulaire télégraphique de l'intérieur fixait les premières indications, puis, d'autres suivirent. Tout les Juifs mineurs et majeurs français et étrangers devaient être recensés.

Auschwitz I




Auschwitz I

Une des allées du camp Auschwitz I
Une des allées du camp Auschwitz I

La création du camp souche Auschwitz I est décidée par les SS en février 1940 sur l'emplacement d'anciennes casernes polonaises, vides depuis que la région a été annexée par le Reich. Les premiers prisonniers polonais arrivent en juin 1940. Auschwitz est à l'origine un camp de concentration et de travail forcé. Le camp accueille les hommes politiques et les intellectuels opposés au régime nazi avant d'accueillir des prisonniers de guerre soviétiques, des criminels allemands, ainsi que des « éléments asociaux » (vocable nazi) tels que les tziganes, les prostituées, les homosexuels, les handicapés, les témoins de Jéhovah et les Juifs. En 1940, le camp interne compte entre 13 000 et 16 000 hommes. Le nombre de détenus ira jusqu'à 20 000 en 1942.

Vue du camp Auschwitz I en hiver
Vue du camp Auschwitz I en hiver

L'entrée dans le camp se fait par un portail qui porte l'inscription, reprise de Dachau, Arbeit macht frei : « Le travail rend libre ». Chaque jour, lorsque les prisonniers quittaient le camp pour aller travailler, c'était au rythme d'une marche mise en musique par un orchestre de détenus. Il en allait de même lorsque de nouveaux trains arrivaient : la musique continuait.

Pour surveiller les détenus, les SS puisaient parmi les plus violents des criminels allemands reconnus pour des actes de violence. Ce sont les Kapo. Les détenus étaient identifiés par un symbole cousu sur leur combinaison de bagnard : prisonnier politique, Juif… Ces derniers étant les plus maltraités.

Les prisonniers travaillaient pendant 6 jours, si ce n'est 7 par semaine. Le dimanche était réservé à la toilette personnelle. Ce qui causa rapidement de nombreux décès pour malnutrition et manque d'hygiène.

La première chambre à gaz (encore intacte) situé à Auschwitz I
La première chambre à gaz (encore intacte) situé à Auschwitz I

Afin d'accélérer le processus de mort, les SS testèrent dès septembre 1941 un gaz pesticide, le Zyklon B, dans les caves du block 11. Six cents prisonniers de guerre soviétiques et 250 prisonniers politiques polonais furent ainsi gazés. Les SS utilisèrent alors dans le camp souche un bâtiment comprenant une chambre à gaz et un crématoire composé de 3 fours. Cette installation fut en service entre 1941 et 1942, avant d'être transformée en bunker de protection en cas d'attaque aérienne. Pour cette raison, le bâtiment n'a pas été détruit par les nazis. Le four crématoire actuellement visible y a été reconstruit après la guerre à partir du matériel original resté sur place.

En 1942, le camp vit également l'arrivée des premières femmes. Entre avril 1943 et mai 1944, les femmes juives servirent de cobayes pour des expériences de stérilisation pour le Professeur Karl Clauberg. Le docteur Josef Mengele, quant à lui, faisait toute sorte d'expérimentations sur tout type de détenu, surtout sur des enfants jumeaux. Lorsque les prisonniers ne guérissaient pas assez rapidement, ils étaient alors tués par injection de phénol au cœur.

Sur les ordres de Himmler, le block 24 fut transformé en bordel pour récompenser le personnel de surveillance.


présentation du projet

Annonce du projet


Le 6 novembre 2006, les professeurs de Français et d'Histoire nous annoncent que la classe est sélectionnée pour un projet sur la Shoah. Ils nous présentent les étapes essentielles du projet :

-rencontre avec des anciens déportés.

-journée au Mémorial de la Shoah à Paris.

-journée au camp d' Auschwitz en Pologne.

-création d'un blog pour rendre compte de notre

expérience.


Ce projet est pour nous une aventure exceptionnelle qui vient compléter notre programme en Histoire sur la Seconde Guerre Mondiale et en Français sur le biographique. Il est surtout une manière pour nous de transmettre la mémoire des anciens déportés.

Nous sommes tous conscients de notre situation privilégiée mais chacun réagit à sa façon: certains se sentent prêts à vivre cette aventure, d'autres sont plus réticents et appréhendent la visite du camp,les témoignages des anciens déportés et l'émotion qu'ils suscitent.

Le travail dans les camps

LE TRAVAIL DANS LES CAMPS



Après la défaite de l'empire allemand en 1918 face à la France, la République de Weimar se consolide avec difficultés. Aux alentours des années 1920, Hitler*, alors membre du parti allemand des travailleurs (groupuscule nationaliste) fonde le "national-socialisme". Le nazisme, de son abréviation, est une doctrine à la fois raciste, anticommuniste, nationaliste et fasciste. Hitler pense que les "parasites tels que les Noirs, les Tziganes mais surtout les Juifs doivent être exclus de la communauté nationale car il ne doit y avoir qu'une seule race dite supérieure selon lui c'est à dire les Aryens, grands et blonds. Le nouveau régime est violemment combattu d'une part par l'extrême gauche – les communistes – et d'autre part par l'extrême droite – les nazis. Le 30 janvier 1933, le président Hindenburg* nomme Hitler chancelier du Reich*. Celui-ci obtient les pleins pouvoirs avec le soutien des députés du Centre Catholique par le biais de la loi votée pour le Reichstag le 24 mars 1933 dont voici un extrait :
"Art 1 : les lois du Reich peuvent être également édictées par le gouvernement du Reich en dehors de la procédure prévue par la Constitution.
Art 2 : les lois édictées par le gouvernement du Reich peuvent s'écarter de la Constitution du Reich […]
Art 3 : Les lois édictées par le gouvernement du Reich sont rédigées par le Chancelier du Reich."
Hitler, par la suite dissout les partis et les syndicats : le 13 juillet 1933, le parti nazi est proclamé parti unique.
Qu'est ce que cette politique a engendré ? Quel sort est réservé aux opposants ?
Nous analyserons tout d'abord ce que devient l'Allemagne dite à l'époque hitlérienne pour ensuite étudier le travail dans les camps au travers d'un témoignage : celui de Primo Lévi qui nous raconte l'enfer dans son œuvre Si c'est un homme.



LE SYSTEME CONCENTRATIONNAIRE NAZI :

A la mort du président Hindenburg en août 1934, Hitler cumule les fonctions de chancelier et de chef de l'État du IIIe Reich avec le titre de führer (chef). A cette date, tous les pouvoirs sont concentrés entre ses mains.




Le totalitarisme nazi

L'État nazi organise une propagande intense et permanente, que dirige Goebbels. Hitler et les dirigeants nazis rassemblent des foules immenses, que ce soit en l'occasion de fêtes (comme par exemple la Fête du travail , le 1er mai 1933 à Berlin) ou non, qui acclament leur chef. Les participants ont le sentiment d'appartenir à une communauté formant un seul peuple (ein Volk) dans un seul État (ein Reich) obéissant à un seul chef (ein Führer). Les journaux, la radio et le cinéma reprennent les discours de Hitler et les diffusent largement.

L'État nazi est un régime policier et raciste. Les libertés n'existent plus ; la grève et le lock-out (fermeture d'une entreprise décidée par la direction pour contraindre le personnel à ne pas travailler et donc ne pas être payés) sont interdits. L'État mène une politique antisémite : les lois de Nuremberg et des Ordonnances rejettent les Juifs de la communauté nationale. Nous avons pu remarquer, dans les Lois de Nuremberg du 15 septembre 1935 : "Les mariages entre Juifs et citoyens de sang allemand ou apparenté sont interdits. Tout contrevenant sera puni des travaux forcés. Est citoyen allemand exclusivement le ressortissant de sang allemand ou apparenté". Les Juifs sont constamment humiliés et persécutés, notamment durant la "Nuit de cristal" (9-10 novembre 1938). Les S.S* et les milliers d'agents de la police politique telle que la Gestapo*, dirigé par Himmler*, arrêtent, torturent et envoient les opposants dans les camps de concentration. Quelques communistes, socialistes et chrétiens tentent d'organiser une résistance, mais ils rencontrent beaucoup de difficultés.



Les camps de la mort

En Allemagne, les nazis créent des camps de concentration* dès leur arrivée au pouvoir en 1933 ; ils y enferment les opposant dans des conditions très dures. Avec la guerre, de nouveaux camps accueillent des hommes et des femmes de toute l'Europe occupée : opposants politiques, résistants, religieux, homosexuels, Juifs, mêlés aux détenus de droits commun ; ils sont différenciés par un triangle de couleur sur leur tenue rayée. Les camps sont administrés par les SS, qui font appliquer leurs règlements par des chefs de bloc choisis par les détenus de droits communs.

Le premier camp de concentration s'ouvre en 1933 à Dachau, près de Munich. Tout comme les futurs camps, celui de Dachau constituait un moyen de répression politique contre les opposants au régime. Les S.S déjà à cette époque recherchaient l'occasion d'anéantir toute trace d'espoir par le biais de travaux forcés et donc de mauvais traitements, humiliation, tortures ou assassinats. En France, un seul camp de concentration nazi est construit : le Struthof situé en Alsace au sommet des Vosges. Les conditions climatiques sont rudes étant donné qu'il peut neiger en été.

Pour ceux qui ont survécu au voyage dans des wagons à bestiaux commence alors l'enfer : le froid, la faim, les épidémies, les brutalités et sévices des SS, un travail épuisant jusqu'à la mort, de prétendues expériences médicales menées par les médecins SS. Les détenus les plus valides sont loués aux industriels allemands et travaillent dans les usines qui entourent les camps, ou dans des commandos à l'extérieur des camps.

Les camps d'extermination* qui ne laissent aucune chance de survivre sont situés en Pologne. Le plus important est celui d'Auschwitz-Birkenau. Des médecins SS sélectionnent à leur arrivée ceux qui iront travailler dans les usines installées près du camp et ceux qui seront immédiatement exterminés dans les chambres à gaz.



Une tenue de déporté


Dans les camps, l'on retrouve aussi bien des hommes que des femmes, des enfants que des vieillards. Les femmes portent une robe tandis que les hommes sont vêtus d'une veste et d'un pantalon rayés de blanc et bleu. Ces tenues sont très légères et ne résistent d'aucune manière aux intempéries et quand bien même le temps serait relativement convenable, les tenues ne seraient pour autant appropriées aux travaux pénibles qui rythment le quotidien des détenus. Le but est avant tout de les déshumaniser. Un calot de toile rayée leur sert de couvre-chef. Bien que certains marchent pieds nus, d'autres chaussent des sabots de bois dans lesquels ils mettent s'ils le peuvent du papier qui leur sert de chaussettes.

Chaque catégorie de détenu est reconnaissable par le triangle de couleur cousu sur son vêtement point en bas. En effet, la couleur rouge s'apparente aux prisonniers politiques, s'il y a un F en plus dessus alors le prisonnier politique est français ; le vert est destiné aux détenus de droit commun ; le rose aux homosexuels ; le marron aux tsiganes ; le violet aux témoins de Jéhovah ; le noir aux asociaux ; le bleu aux apatrides et l'étoile jaune aux Juifs.

Au dessus de ce triangle, il est possible que le numéro de matricule soit également cousu. En tout cas, il est tatoué sur le bras des détenus qui, au passage, doivent l'apprendre par cœur en allemand sous peine de coups.



LE TRAVAIL DANS LES CAMPS AU TRAVERS DU REGARD DE PRIMO LÉVI


Au travers de Primo Lévi et en particulier de son œuvre Si c'est un homme, nous découvrons comment se déroule le travail au sein des camps et nous remarquons bien toute la dureté des conditions subies.

Enrichir le IIIème Reich. Se venger. Leur reprendre toute trace matérielle du passé, des jours heureux, des jours prospères. Tel était le but d'Hitler et de ses partisans. Les juifs, voilà ce qui les faisait enrager. Non seulement on les a concentrés dans des camps mais on épuisait également leurs forces en les faisant travailler péniblement. Primo Lévi, citoyen italien et juif est l'un de ceux qui ont respiré la mort et souffert à un point inimaginable.

Primo Lévi n'a été arrêté "qu'" en décembre 1943 (par la Milice fasciste) mais il a quand même subi des épreuves plus que douloureuses. En particulier le travail auquel il est contraint de participer. Dès son arrivée, Primo Lévi constate que la notion de travail est bien ancré dans les esprits. Déjà sur une grande porte, il y a une inscription : ARBEIT MACHT FREI, ce qui signifie : le travail rend libre. Primo Lévi sait très tôt qu'"on ne peut plus penser, c'est comme si on était déjà mort." Juste après le processus enclenché de déshumanisation (déshabillage, rasage…) l'auteur de Si c'est un homme apprend plus de détails sur l'endroit où il se trouve "Nous sommes à Monowitz, près d'Auschwitz en Haute-Silésie : une région habitée à la fois par les Allemands et les Polonais. Ce camp est un camp de travail, en allemand Arbeitslager ; tous les prisonniers (qui sont environ dix mille) travaillent dans une usine de caoutchouc qui s'appelle la Buna, et qui a donné son nom au camp." Primo Lévi a alors conscience que "bien sûr, il faudra travailler" et il rajoute "Ici, tout le monde travaille." "La réalité (lui) apparaît", il n'est pas possible de concevoir condition humaine plus misérable que la (sienne)." Le camp comporte divers travaux. Par exemple nous pouvons trouver des forgerons ("Schlosser"), Primo Lévi en rencontre d'ailleurs un (Schlome) au début de l'œuvre. Il est à l'époque sous l'autorité des "triangles verts" c'est à dire des détenus de droit commun.

A un moment donné, il nous décrit avec une certaine précision le travail au sein du camp, il le représente comme "un véritable labyrinthe de lois, de tabous et de difficultés." Pratiquement personne n'est dispensé de travail. "Ici tout le monde travaille sauf les malades." Ce monde est réparti "en deux cents Kommandos(*) environ, dont chacun peut aller de quinze à cent cinquante hommes commandés par un Kapo(*)." Il y a les bons et les mauvais Kommandos : la plupart sont affectés au transport de matériel, et le travail y est dur, notamment en hiver, ne fût-ce que parce qu'il se fait en plein air." On remarque ici toute la dureté du travail et l'on devine l'homme mis à (trop) rude épreuve.

Ensuite, "il y a aussi les Kommandos de spécialiste (électriciens, forgeons, maçons, soudeurs, mécaniciens, cimentiers, etc.)" Bien qu'on ait l'impression que Primo Lévi mais tout aussi bien ses camarades travaillent tout le temps, ils disposent tout de même d'un horaire de travail. En effet, "(l)'horaire de travail varie avec la saison. On travaille tant qu'il fait jour : aussi passe-t-on d'un horaire minimum l'hiver (de 8 heures à 12 heures et de 12h30 à 16 heures) à un horaire maximum l'été ( de 6h30 à 12 heures et de 13 heures à 18 heures)." Ils travaillent donc qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige. Le tout est de ne pas les faire travailler dans la nuit ou le brouillard afin de ne favoriser aucune tentative de fuite. Primo Lévi nous raconte ensuite: "Je pousse des wagons, je manie la pelle, je fonds sous la pluie et je tremble dans le vent." Cette dernière expression associée à ses activités de la journée souligne à quel point on les surcharge de travail sans se soucier de leur état. Ceux qui ne travaillent pas sont en fait au K.B qui est l'abréviation de Krakenbau pour désigner l'infirmerie. Au fur et à mesure, primo Lévi rencontre de nombreuses personnes. Par exemple, un horloger de métier qui, pour servir travaille à la Buna dans la mécanique de précision ou Shmulek qui vérifie si le numéro du lit concorde avec celui du tatouage. Les juifs du camps sont tellement surmenés que lorsqu'ils ont un temps de réflexion (s'ils sont à l'infirmerie donc) ils en viennent à penser : "Lorsqu'on travaille on souffre et on a pas le temps de penser." Peu après être sorti de l'infirmerie, Primo Lévi doit décharger des cylindres de fonte d'un wagon et déplacer des traverses. Nul besoin de préciser que celles-ci sont extrêmement lourdes.

Quand l'hiver est derrière lui, il est "soulagé" : "Le froid (lui) laissera quelque répit et (ils) auron(t) un ennemi de moins." Nous apprenons qu'il existe des cadres et techniciens allemands. Une section du camp est réservée aux travailleurs civils, séparée du camp par des barbelés. A un moment, Primo Lévi rencontre un ingénieur, Alfred L., qui à l'époque est chargé du nettoyage quotidien de la marmite des ouvriers polonais. Celui-ci est ensuite promu "spécialiste", nommé technicien en chef du Kommando et engagé par la direction de la Buna comme chimiste attaché au laboratoire e la section Styrène. Nous remarquons ici que les tâches sont attribuées d'une manière relativement aléatoire étant donné que de simple nettoyeur, Alfred passe au statut de scientifique. Quelque était leur métier autrefois, ici, peu importe, le plus important est que cela sert voire enrichit le IIIème Reich. Quelques temps après un entretien avec le "Doktor Pannwitz" Primo Lévi se retrouve avec cinq camarades "à récurer et nettoyer l'intérieur d'une citerne souterraine".

Nous l'observons la plupart du temps en train de travailler et de souffrir. Dans son Kommando du moment, il y a un "Pikolo" c'est à dire qu'il possède le poste de "livreur-commis aux écritures, préposé à l'entretien de la baraque, à la distribution de outils, au lavage des gamelles et à la comptabilité des heures de travail du Kommando". Ce poste est "très élevé dans la hiérarchie des prominences" car il n'effectue pas seulement un travail manuel, il est aussi "l'ami et le confident du Kapo". Grâce au Pikolo, Primo Lévi est moins surmené car Jean (le Pikolo) "avait réussi à (le) faire adopter comme aider à l'"Essenholen", la corvée quotidienne de soupe". Ce qui est moins fatiguant que de passer la journée à porter de lourdes traverses par exemple. En août 1944, des bombardements eurent lieu sur la Haute-Silésie, on ne s'occupe plus du tout de la mise en route de la production de caoutchouc synthétique. Plus tard et comme si de rien n'était, Primo Lévi reprendra le travail.



Justement, "le travail, la faim et le froid suffisent à absorber toute (son) attention." Primo Lévi change régulièrement d'activités. "Pour aujourd'hui, notre univers c'est ce trou plein de boue". Plus tard encore c'est en tant que chimiste qu'il s'affairera à des besognes. Malgré cela, le travail reste pénible comme il le déclare "(nous) travaillons aux sacs de phényl-bêta", "les autres portent des sacs de ciment de cinquante kilos et nous des sacs de phényl-bêta de soixante kilos."

Pour finir, Primo Lévi a dans l'esprit une notion du terme travailler assez forgée. Pour lui, "c'est pousser des wagons, transporter des poutres, fendre des pierres, déblayer la terre, empoigner à mains nues l'horreur du feu glacé". En somme travailler c'est souffrir.







Les nazis ont en fait mis en application une politique "d'annihilation par le travail". Certaines catégories de prisonniers sont voués à être exterminés par le biais de l'épuisement au travail. En effet, une circulaire a même été envoyée le 30 avril 1942 par le chef de l'Office principal économique et administrative SS. A l'intérieur Oswald Pohl soulignait "Cette exploitation doit être épuisante dans le vrai sens du mot, afin que le travail puisse atteindre le plus grand rendement". Elle s'appliquait tout particulièrement aux Juifs. De toutes façons, tout était prévu pour anéantir physiquement et moralement les détenus, peu importe qui ils sont. Le but premier est dont de les déshumaniser. La preuve, dès le départ on identifie les détenus à un numéro. Ils finiront par devenir un "stuck" aux yeux des nazis c'est à dire un objet, un outil.

Nous retenons ce terrible constat comme le déplore Primo Lévi : "Détruire un homme est difficile presque autant que le créer : cela n'a été ni aisé ni rapide mais vous y êtes arrivés, Allemands".

Pour conclure, quelques chiffres nous parviennent à l'esprit :

340 000 morts au camp de Chelmo

800 000 morts au camp de Treblinka

250 000 morts au camp de Sobibor

230 000 morts au camp de Majdanek

600 000 morts au camp de Belzec

Plus d'un million de mort au camp d'Auschwitz-Birkenau qui était à la fois camp de concentration et d'extermination.

En tout, cinq à six millions de Juifs ont été tués par les nazis. Mais pas seulement eux, l'extermination visait également les handicapés, les Tziganes, les homosexuels, tous ceux qui ne convenait pas à l'idéal d'Hitler.

Le système concentrationnaire a finalement pris fin le 8 mai 1945. Nous préférons ne pas imaginer ce qui se serait passé par la suite si Hitler l'avait emporté car dans Mein Kampf il déclare : " Ce peuple (de France ) qui tombe de plus en plus au niveau des nègres, met sourdement en danger l'existence de la race blanche en Europe" Peut-être aurions-nous fini comme eux…

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BIOGRAPHIES





HINDENBURG, Paul VON (1837-1934)


Issu d'une vieille famille militaire prussienne, Hindenburg est rappelé de la retraite en 1914, à 67 ans. Vainqueur de la bataille de Tannberg, il devient généralissime de l'armée allemande en 1916. Il ne peut éviter la défaite de son pays. Mais il demeure très populaire en Allemagne. Affichant des idées conservatrices, il est élu Président de la République en 1925. Réélu en 1932, il nomme Hitler chancelier en 1933.



HITLER, Adolf (1889-1945)


Né en Autriche, fils d'un fonctionnaire aux douanes, Adolf Hitler mène à Vienne une vie misérable d'artiste peintre après deux échecs à l'entrée des Beaux-Arts. Autodidacte, il fréquente les soupes populaires et les asiles de nuit, mais conserve une mentalité de petit bourgeois, fier de son statut social et inquiet de la prolétarisation de sa classe. Le spectacle de Vienne qu'il estime cosmopolite et "décadente"q l'amène à développer son antisémitisme, sa haine sociale et son idée de la supériorité de la nation allemande.

En août 1914, à Munich, il accueille la guerre avec enthousiasme et s'engage dans un régiment bavarois. Combattant avec bravoure, blessé et gazé en 1918, il obtient la Croix de fer, distinction rare pour un caporal. Indigné par l'armistice, il y voit une trahison provoquée par la révolution de novembre et par les sociaux-démocrates (le "coup de poignard dans le dos")

En 1919, il occupe dans l'armée la fonction d'"officier de propagande", fonction qui a pour objet de combattre les communistes. La même année, il adhère au parti allemand des travailleurs qu'il transforme en 1920 en National-sozialisticher Deutsche Arbeiter Partei (NSDAP). Parti national socialiste des travailleurs allemands ou parti nazi en abrégé. Il dote le parti d'une milice (les SA) et d'un emblème (la croix gammée). L'échec du putsch de Munich en 1923 le conduit en prison, où il rédige Mein Kampf (mon combat), qui détaille son programme.

Libéré en 1925, il tente une percée politique avec peu de succès. A partir de 1930, son programme, porté par son charisme personnel, fait de lui un élément essentiel du jeu politique. Naturalisé allemand en 1932, il échoue la même année aux élections présidentielles face à Hindenburg. Le 30 janvier 1933, ce dernier le nomme chancelier. En août 1934, il est Reichsführer (chancelier et président) et met en place la dictature nazie. En juin 1934, il fait exécuter les dirigeants nazis rivaux lors de la "nuit des Longs Couteaux". Il dirige l'Allemagne jusqu'à sa mort. Son nom reste associé au déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale et à l'extermination des juifs d'Europe. Il se suicide le 30 avril 1945.



GOEBBELS, Joseph-Paul (1897-1945)


Journaliste, il adhère au parti nazi dès 1922. Chef de la propagande du parti nazi dès 1928, nommé ministre de la Propagande et de L'Information (1933), il utilise la presse et la radio pour manipuler la population. Il dirige les nazis lors de la Nuit de cristal de 1938 : il est chargé de la direction de la guerre totale en 1944. D'un fidélité absolue à Hitler, il se suicide en même temps que lui le 30 avril 1945.



HIMMLER, Heinrich (1900-1945)


Ancien éleveur de poulets, Himmler participe en 1923 au putsch de Munich. Chef des SS en 1929, il devient le chef de la Gestapo en 1934 et de toutes les polices allemands qui terrorisent les opposants. Il est aussi le responsable du système concentrationnaire nazi. Arrêté à la fin de la guerre, il se suicide.

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GLOSSAIRE


¤ Camps de concentration : ouverts dès mars 1933 en Allemagne, ils étaient à l'origine destinés à la "rééducation" des antinazis et des individus considérés comme asociaux. Avec la guerre, ils se sont multipliés pour recevoir les résistants et opposants déportés de presque toute l'Europe.



¤ Camps d'extermination : "centres de mis à mort" (terme employé par l'historien Raul Hilberg) ou camps dans lesquels les Juifs et des Tziganes étaient assassinés. Au nombre de six, ils étaient tous situés en Pologne : Belzec, Chelmno, Sobibor, Treblinka, Auschwitz et Majdanek. Ces deux derniers étaient des camps mixtes puisqu'à la fois centres de mise à mort et camps de concentration.



¤ Camps d'internement : camps français créés sur l'ensemble du territoire dès 1938 afin d'accueillir les républicains espagnols réfugiés (exemple, le camp de Septfonds), puis à partir de septembre 1939 les exilés allemands et autrichiens ayant fui le nazisme, mais considérés comme ressortissants d'un pays ennemie de la France. Ils ont servi ensuite de centres de regroupement pour les Juifs avant que ces derniers ne soient transférés vers le camp de transit de Drancy où partaient les convois vers les camps de la mort.



¤ Gestapo : abréviation de Geheime Staatspolizei, police secrète de l'Etat. Police politique du IIIème Reich.


¤ Kapo : détenu le plus souvent de droit commun, responsable d'un Kommando de travail



¤ Kommando : détachement de détenus affectés à une tâche. Par extension, ce terme désignait le lieu de détention fixe ou provisoire dépendant d'un camp de concentration de même que les détenus qui le constituaient. Les Kommandos étaient installés à proximité d'une usine, d'un chantier, etc.



¤ Reich : mot allemand signifiant "Empire". Le Ier Reich est fondé en 962 par Otton le Grand. Le IIème Reich correspond à l'Empire allemand fondé par Bismarck autour de la Prusse en 1871. Le IIIème Reich est le nom par lequel les nazis désignent l'Allemagne et les territoires qui y sont rattachés à partir de 1933.



¤ Reichstag : en allemand "assemblé du Reich", nom de la chambre allemande des députés.



¤ SA : abréviation de Sturmabteilung ("section d'assaut"), formations paramilitaires du parti nazi depuis 1921. Conduites par Röhm et combattant surtout les communistes, elles sèment la terreur depuis les années 1920.



¤ SS : abréviation de Schutzstaffel, "échelon de protection". Gardes personnels d'Hitler en 1922, fanatiquement dévoués, ils prennent une importance réelle à partir de 1929, sous les ordres d'Himmler.

Ils forment l'élite du mouvement nazi, doivent prouver leur ascendance aryenne et leur mariage est soumis à l'autorisation de leurs chefs. En 1934, ils prennent le dessus sur les SA. Leurs membres sont placés à la tête de toutes les polices.

En 1933, ils sont chargés du système concentrationnaire nazi.

12/01/2007 Visite du Mémorial de la Shoah à Paris


Le Mémorial de la Shoah

Le Mémorial de la Shoah a ouvert ses portes au public en janvier 2005, rue Geoffroy l'Asnier, sur le site du Mémorial du Martyr Juif Inconnu.

Installée au tournant du « siècle des génocides », ouverte sur le siècle nouveau, cette institution neuve est un pont jeté entre les femmes et les hommes contemporains de la Shoah et ceux qui n'ont pas vécu, ni directement ni par la médiation de leurs parents, cette période historique.

Inscrit dans la continuité du CDJC et du Mémorial Juif du Martyr Inconnu, le Mémorial de la Shoah n'en constitue pas moins une nouvelle étape de la transmission de la mémoire et de l'enseignement de la Shoah, qui étaient jusqu'alors essentiellement portés par les témoins directs de l'extermination des Juifs d'Europe.

Pourquoi et comment « enseigner la Shoah » au XXI ème siècle ? Ces questions sont au cœur de la mission du Mémorial, au cœur du travail des historiens, chercheurs comme formateurs, qui animent la vie de ce lieu de rencontre entre tous les publics, grand ouvert sur les nouvelles générations.

Centre de ressources, première archive d'Europe sur la Shoah, le Mémorial est aussi un « musée de la vigilance » conçu pour apprendre, comprendre et ressentir, parce qu'il est nécessaire de construire encore et toujours « un rempart contre l'oubli, contre un retour de la haine et le mépris de l'homme », selon les mots d'Eric de Rothschild, président du Mémorial.

Source : www.memorialdelashoah.org


Principales structures :

  • Bibliothèque

  • CDJC (Centre de Documentation Juive Contemporaine)

  • Crypte en l'honneur des déportés

  • Le Mur des Noms


On retrouve dans le CDJC une base de données qui regroupe une grande partie des noms de déportés et de résistants auxquels sont associés des documents papier, photos, dates de naissances, convois...


Contact :

Mémorial de la Shoah

17 rue Geoffroy l’Asnier
75004 Paris







Renseignements

Tél. : 01 42 77 44 72 (standard et serveur vocal)

Fax. : 01 53 01 17 44

E-Mail: contact@memorialdelashoah.org
Site web:
www.memorialdelashoah.org



Le négationnisme


Après avoir visité le camp de Birkenau, nous nous sommes rendus devant le Monument International de commémoration des victimes du camp d'Auschwitz-Birkenau pour effectuer une minute de silence. Nous avons également déposé quelques cailloux devant la plaque commémorant l'extermination des Juifs d'Europe, il faut aussi rappeler qu' environ un million de Juifs sont morts dans ces camps. Les déportés présents à ce voyage nous ont expliqué l'importance de ce passage « passage de témoin » puisqu'il existe encore trop de personnes négationnistes. Les négationnistes sont les personnes qui contestent l'existence des chambres à gaz.


Le terme négationnisme désigne, dans sa signification première la négation de la réalité du génocide pratiqué par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre Mondiale contre les Juifs. Le négationnisme consiste ainsi à prétendre, notamment par la négation de l'existence des chambres à gaz d'extermination ou de la volonté d'extermination des Juifs d'Europe par les nazis, que la réalité de ces crimes relèverait de mythes

L'expression publique de ces propos est sanctionnée dans de nombreux pays. le 26 janvier 2007 l'assemblée générale des nations unies a adopté par consensus une résolution condamnant la négation du génocide des Juifs par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre Mondiale.


Les motivations des négationnistes peuvent être diverses. Dans le cas de la négation du génocide du peuple Juif commis par les nazis, elles apparaissent être principalement l' « antisémitisme » et la « volonté de défendre » - en niant la réalité des faits – le régime nazi et ses collaborateurs ( comme le régime de Vichy en France ).


Plus généralement, la négation d'un génocide ( Shoah, Génocide arménien, Rwanda ) vise notamment à obtenir un non-lieu pour ce qui est admis comme un crime, et à retirer aux victimes et à leurs ayant-droits tout droit à la moindre réparation ( en l'absence de crime il n'y a plus ni criminels ni victimes ). Le négationnisme peut ainsi servir à protéger aussi bien les auteurs d' un génocide et les héritiers idéologiques d'un génocide. Ce qui rend cette idéologie dangereuse.

En outre, les thèses négationnistes reposent le plus souvent sur des faits maquillés ou l'omission délibérée d'éléments à charge.


« Mais lorsqu'enfin, 50 ans après, sont retrouvées les caractéristiques des chambres à gaz, le plus habile discours négateurs est vain face à ces données incontournables provenant du fournisseur ayant installé ces matériels, et le dossier technique des chambres à gaz homicides d'Auschwitz-Birkenau doit être refermé et clos » L'Histoire juin 1992.




15-11-2oo6 : Visite du musée de la Résistance de Montauban.



Liens :

Mairie de Septfonds.

Musée de la Résistance.


Camp de Septfonds :

Étendu sur plus de cinquante hectares, le camps de Judes est construit le 27 Février 1939. Suite à la guerre civile espagnole, 500 000 réfugiés arrivent en France. Le Tarn-et-Garonne est en effet un département dit d'accueil pour les étrangers de toutes nationalités. Le Front Populaire, qui était au pouvoir à cette époque, sous ce déferlement de population, décide de réunir ces immigrés dans des camps tels que celui de Septfonds. Même si les conditions de vie étaient difficiles, cela n'avait encore rien à voir avec les camps nazis. Cependant, à partir de l'armistice, le 17 Juin 1940, les lois de la République sont supprimées et laissent place à un régime racial et antisémite. Les espagnols doivent donc partir, des juifs raflés et tués vont leur succéder, cette fois dans ce camp devenu antisémite suite à la collaboration du régime de Vichy avec les nazis.


Réactions personnelles :

La visite du musée de la Résistance a été très intéressante, il est très bien organisé et nous avons beaucoup appris sur les camps d'internements ou de déportations français. Ce qui nous a le plus marqué dans cet entretien est le moment où l'un des intervenant a commencé à parler d'Adèle Kurtzveil... En effet cette jeune fille juive de 17 ans étudiait au lycée Michelet , qui est aussi le notre, avant d'être déportée à Drancy, puis gazée au camps d'Auschwitz-Birkenau. A cet instant, nous n'avons pu nous empêcher d'avoir les larmes aux yeux.