06/06/2007

Le témoignage de Monsieur André Kahn

Le témoignage de monsieur Kahn


Ce Mercredi 20 Décembre, à huit heures du matin, les élèves des classes de premières L2 et L3 attendent avec impatience et appréhension la venue de Monsieur Kahn. C'est le seul sujet de conversation et les questions se succèdent. Bien-sûr nous savons qu'il vient pour nous parler de sa déportation, et que cela sera éprouvant. Chaque histoire est unique, chaque témoignage précieux. Nous réalisons quels privilégiés nous sommes de pouvoir encore entendre le récit d'un survivant de l'enfer concentrationnaire, d'autant plus qu'il est le dernier de la région Midi-Pyrénées .


Le récit chronologique de son témoignage:


  • 1929: naissance de André Kahn Schirrhoffen.

  • 1939: il se réfugie dans les Vosges.

  • 1942: il a l'obligation de porter l'étoile jaune, et se voit imposer de nombreuses contraintes (interdiction de sortir après 19h, de s'asseoir sur un banc public, ...)

  • Le 7 Mars 1944: il est déporté avec sa famille par la police Française au camp de Drancy en région parisienne.

  • Le 27 Mars 1944: on les met dans un wagon (convoi n°70) avec 90 autres personnes, sans leur donner ni à manger, ni à boire.

  • Le 30 Mars 1944: ils arrivent à Birkenau. André Kahn est séparé de ses parents. Suivant le conseil d'un inconnu se fait passer pour plus âgé qu'il n'est (il dit avoir 17 ans alors qu'il n'en a que 15). Alors que les hommes et les femmes sont séparés il se demande où il est. Il est dirigé vers la file de gauche réservée aux personnes aptes à travailler.( L'autre est réservée aux personnes qui sont trop faibles : femmes, enfants qui seront tués )

  • Sa vie au camp du 30 Mars 1944 au 15 Avril 1945:

    Il marche 5 km pour rejoindre Auschwitz, déshabillé, douché et tatoué. On lui donne alors de vieux vêtements, une gamelle et des sabots. Il est ensuite enfermé au camp de Monowitz, mais ne réalise pas où il est, et cherche sa famille. A ce moment un homme lui dit: « Si tu veux vivre, ne verse jamais une larme »

    Chaque jour l'appel est fait, de jour comme de nuit les déportés restent debout des heures dans le froid ou dans la chaleur. Le numéro de matricule devait être connu par coeur, sinon on était tué. La vie est très difficile: avant de dégager le bâtiment qui doit leur servir de dortoir, ils doivent sortir toutes les « machines » qui l'encombrent et en attendant dorment par terre.

    Il est engagé comme tourneur mais n'a jamais utilisé ce genre de machines, heureusement Joseph, un ami rencontré au camp vient à son aide. Il travaille 13 heures par jour. Des 800 travailleurs en Mars il n'en reste que 300 en Avril.

    Il ne fallait pas montrer sa souffrance, ni même sourire aux SS.

  • En Janvier 1945: il part à Mauthausen à cause de l'arrivée des Russes. Cette longue marche de huit jours jusqu'à Bergen Belsen fit beaucoup de morts.

  • Le 15 Avril 1945: le camp est libéré par les Britanniques, mais André Kahn malade du typhus ne s'en rend pas compte. Il ne se réveille qu'au mois de Mai. Pendant deux ans il n'a pas mangé à sa faim et pèse alors 25 kilos.

  • Il retrouve sa soeur peu après dans un hôpital, et son ami joseph en 1991. Il s'écoule de nombreuses années avant son premier témoignage.

  • Quelques phrases de Monsieur Kahn qui resteront dans nos mémoires:


« Vous marchez sur des cendres humaines »

« Joseph m'a sauvé alors que j'aurais dû être pendu deux fois »


Cette chronologie n'est qu'une retranscription du récit de Monsieur Kahn, elle reste donc imparfaite et non exhaustive.


Après l'entretien nous sommes tous bouleversés par son témoignage, certaines paroles prononcées résonnent encore dans nos esprits.

Ce témoignage fut une « préparation » au voyage que nous allions vivre. Cependant trois élèves pour qui l'intervention de Monsieur Kahn fut trop difficile à entendre ont décidé de ne pas partir tout en respectant profondément la personne, le témoignage de Monsieur Kahn et le choix des autres élèves.


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